
Le drame de Mayerling est l’un des mystères les plus troublants de l’histoire européenne. Il s’agit d’un tragique événement survenu le 30 janvier 1889 au pavillon de chasse de Mayerling, en Autriche, où le prince héritier Rodolphe de Habsbourg, fils unique de l’empereur François-Joseph Ier et de l’impératrice Élisabeth (Sissi), fut retrouvé mort aux côtés de sa jeune maîtresse, Marie Vetsera.
Rodolphe, héritier du trône austro-hongrois, était un homme cultivé et progressiste, mais aussi profondément mélancolique. Marié à la princesse Stéphanie de Belgique, il menait une vie sentimentale instable et entretenait plusieurs liaisons. Sa rencontre avec la baronne Marie Vetsera, une jeune aristocrate de 17 ans, fut marquée par une passion intense mais contrariée par la cour impériale et la famille royale.
Dans la nuit du 29 au 30 janvier 1889, Rodolphe et Marie furent retrouvés sans vie dans la chambre du pavillon de chasse de Mayerling. La version officielle, dictée par la cour de Vienne, évoqua un suicide du couple : Rodolphe aurait d’abord tué Marie avant de retourner l’arme contre lui. Cependant, les circonstances de leur mort restent sujettes à controverse. Certains y voient un double suicide romantique, d’autres évoquent un assassinat déguisé, impliquant des forces politiques opposées aux idées libérales du prince.
Ce drame eut des répercussions considérables sur la dynastie des Habsbourg. L’empereur François-Joseph, accablé par la douleur, se réfugia davantage dans la religion, tandis que l’impératrice Sissi sombra dans un chagrin profond. La disparition de Rodolphe bouleversa également la succession au trône, ouvrant la voie à l’archiduc François-Ferdinand, dont l’assassinat en 1914 déclenchera la Première Guerre mondiale.
Le drame de Mayerling est aujourd’hui encore une énigme historique, entourée de mystère et de spéculations, alimentant les légendes et les récits romantiques sur cet amour tragique.
L’impératrice Zita, dernière impératrice d’Autriche et épouse de Charles Ier, a relancé une thèse controversée sur le drame de Mayerling dans les années 1980. Selon elle, le prince héritier Rodolphe n’aurait pas été victime d’un suicide, mais aurait été assassiné dans un complot politique.
D’après l’impératrice Zita, Rodolphe aurait été impliqué dans un complot contre son père, l’empereur François-Joseph Ier, visant à renverser le pouvoir autrichien et à adopter une politique plus libérale, voire républicaine. Cette rébellion aurait été soutenue par les milieux francophiles et anti-allemands, en particulier par certains cercles français et britanniques opposés à l’influence prussienne sur l’Empire austro-hongrois.
Elle affirme que la nuit du 29 au 30 janvier 1889, des émissaires de ce mouvement révolutionnaire seraient venus voir Rodolphe à Mayerling. Le prince héritier, ayant refusé de coopérer ou s’étant montré hésitant, aurait été éliminé par ces agents, sous l’ordre des services secrets de l’empereur. Marie Vetsera, témoin involontaire du drame, aurait également été tuée pour éviter toute fuite d’informations.
L’impératrice Zita appuyait sa théorie sur plusieurs éléments troublants :
L’attitude étrange de l’empereur François-Joseph, qui ordonna immédiatement de faire disparaître certaines preuves et empêcha toute enquête approfondie.
L’absence d’autopsie sérieuse, et le fait que Marie Vetsera ait été enterrée à la hâte, dans des conditions inhabituelles.
Les incohérences dans les versions officielles, qui ont évolué au fil du temps.
Si cette version a captivé de nombreux historiens et amateurs de mystères, elle reste largement contestée par la majorité des experts. Aucune preuve formelle ne vient étayer l’hypothèse d’un assassinat, et les documents de l’époque pointent davantage vers une crise personnelle du prince héritier, un homme tourmenté et accablé par des problèmes de santé et des tensions avec son père.
Le drame de Mayerling demeure ainsi un mystère irrésolu, entre légende et réalité, où la version de l’impératrice Zita continue d’alimenter les spéculations.
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