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La Dame Blanche des Habsbourg

  • Photo du rédacteur: ericmoulinzinutti
    ericmoulinzinutti
  • 16 août
  • 3 min de lecture
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Chronique historique et légendaire

Il existe dans l’ombre des grandes dynasties un cortège de présages et d’apparitions. Chez les Habsbourg, dont l’empire s’étendit sur l’Europe durant des siècles, la plus célèbre de ces figures est sans doute la Dame Blanche, spectre tutélaire et funeste qui se montrait à la veille des grands drames de la maison impériale.

Origines de la légende

Les récits les plus anciens font remonter la Dame Blanche à la Bohême du XVe siècle. Selon la tradition rapportée par Johann Ferdinand Neigebaur (Die weisse Frau, Breslau, 1835), elle serait le fantôme de la comtesse Berta de Rosenberg, morte au XIVe siècle. Berta, dame pieuse mais crainte pour sa sévérité, aurait été condamnée à errer dans les châteaux des Habsbourg sous l’apparence d’une femme vêtue de blanc, parfois voilée, parfois tenant un trousseau de clefs à la main.

Une autre version, citée par Joseph von Hormayr (Österreichischer Plutarch, 1807), identifie la Dame Blanche à une ancêtre ducale des Hohenzollern, se mêlant ensuite aux légendes habsbourgeoises, comme si les spectres voyageaient de lignée en lignée.

 

Les apparitions célèbres

La Dame Blanche ne se montrait jamais sans raison : sa présence annonçait la mort prochaine d’un membre de la dynastie. Plusieurs chroniqueurs en ont conservé le souvenir :

  • En 1618, peu avant la mort de l’empereur Matthias Ier, on rapporte qu’elle fut vue errant dans les couloirs du château de Vienne.

  • En 1740, lors de l’agonie de Charles VI, dernier empereur de la branche masculine directe des Habsbourg, une silhouette blanche aurait traversé la Hofburg en silence, observée par des serviteurs terrifiés.

  • En 1889, à Mayerling, certains témoins affirmèrent que la Dame Blanche aurait été aperçue peu de temps avant le drame du prince héritier Rodolphe, retrouvé mort avec la baronne Vetsera.

  • En 1914, juste avant l’assassinat de l’archiduc François-Ferdinand à Sarajevo, une apparition aurait été signalée dans les couloirs du château de Konopiště, sa résidence bohémienne.

Ces récits, colportés par les gazettes viennoises et repris par les historiens romantiques, firent de la Dame Blanche l’ombre inséparable de la maison d’Autriche.

Description du spectre

Les descriptions concordent sur certains points :

  • Elle porte une robe blanche flottante, parfois simple, parfois richement brodée.

  • Elle tient souvent un trousseau de clefs, symbole du pouvoir domestique et dynastique.

  • Son visage est pâle, voilé ou lumineux, jamais parfaitement distinct.

  • Elle apparaît silencieusement, dans les escaliers ou les galeries, et disparaît sans laisser de trace.

Le poète Franz Grillparzer évoquait la Dame Blanche comme « l’ombre de la destinée impériale, messagère de la grandeur et du néant ».

Interprétations

Les historiens et folkloristes ont proposé diverses explications :

  • Souvenir féodal : Berta de Rosenberg, bienfaitrice des couvents, aurait été vénérée et crainte au point de devenir une figure mythique.

  • Allégorie dynastique : La Dame Blanche symboliserait la fatalité qui pèse sur les grandes familles, rappelant que même les empereurs ne peuvent échapper à la mort.

  • Psychologie collective : Dans les moments de crise, les domestiques et courtisans, impressionnés par la solennité des rites de la cour, auraient projeté leurs angoisses sous la forme d’un spectre.

Héritage de la légende

La légende survécut à la chute des Habsbourg en 1918. Des écrivains comme Stefan Zweig (Le Monde d’hier, 1942) rappelaient encore le souvenir de cette silhouette blanche, preuve que l’Empire, même disparu, gardait ses fantômes. Aujourd’hui, la Dame Blanche des Habsbourg est entrée dans le panthéon des mythes européens, aux côtés de la Nonne sanglante des Borromée en Italie ou de la Banshee irlandaise des O’Neill.

Sources et dires cités

  • Johann Ferdinand Neigebaur, Die weisse Frau, Breslau, 1835.

  • Joseph von Hormayr, Österreichischer Plutarch, Vienne, 1807.

  • Franz Grillparzer, fragments poétiques et correspondances.

  • Témoignages rapportés dans la presse viennoise de 1740, 1889 et 1914.

  • Stefan Zweig, Die Welt von Gestern (Le Monde d’hier), 1942.

 
 
 

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