Et si on supprimait la présidence ?Pour une monarchie symbolique et un Premier ministre du peuple...
- ericmoulinzinutti
- 14 juil.
- 5 min de lecture

En 2025, la France se trouve à la croisée des chemins institutionnels. La fonction présidentielle, telle qu’elle existe sous la Ve République, cumule aujourd’hui critiques politiques, dérives financières et désaffection démocratique. À l’heure où la défiance envers les élites monte, et où les Français cherchent du sens, une question devient légitime : et si nous supprimions la présidence ? Pour la remplacer, non pas par le vide, mais par un roi symbolique, issu des grandes familles régnantes, sans aucun pouvoir exécutif — et par un Premier ministre élu et responsable devant les citoyens et le Parlement.
Une fonction présidentielle trop chère
Le premier reproche que l’on peut adresser à la présidence de la République est son coût astronomique. En 2023, les dépenses de l’Élysée ont atteint 125,5 millions d’euros, dépassant de 8,3 millions la dotation initiale. Et pour 2024, cette dotation a été encore augmentée de 9,3 %, atteignant 125,1 millions d’euros. Pourquoi une telle inflation ? Principalement à cause de l’explosion des frais de déplacement (+31,9 %) et des investissements (+40,2 %).
Les chiffres parlent d’eux-mêmes. En 2023, les déplacements présidentiels ont coûté 23,2 millions d’euros, dont 17,4 millions à l’international. Chaque déplacement national coûte en moyenne 60 400 euros, soit le double qu’en 2018. Quant aux réceptions organisées par l’Élysée — au nombre de 171 —, elles représentent 21 millions d’euros sur l’année, avec un coût moyen de 35 euros par invité.
Certaines cérémonies frôlent l’indécence. Le dîner au Louvre en l’honneur de Narendra Modi a coûté 412 000 euros. Celui pour le roi Charles III, 475 000 euros. Ce faste n’a rien à envier aux cours royales… sauf que la nôtre se prétend républicaine.
Ajoutons à cela un fonctionnement interne de plus de 110 millions d’euros par an, dont 70 millions pour le personnel, et 440 000 euros pour la gestion du cabinet de Brigitte Macron, et l’on comprend pourquoi certains voient l’Élysée comme un vestige de monarchie camouflée sous les habits républicains.
Pire encore : en 2024, la dissolution surprise de l’Assemblée nationale a entraîné un coût direct pour l’État de 195 millions d’euros, dont 28,5 millions rien que pour les frais supplémentaires du Parlement. Décision solitaire, conséquences collectives.
Il nous a semblé entendre dire que Monsieur Bayrou cherchait 40 milliards d’euros ????
Une monarchie symbolique : moins chère, plus efficace
Face à ces dérives, pourquoi ne pas s’inspirer des monarchies parlementaires européennes ? Au Royaume-Uni, en Suède, aux Pays-Bas ou en Norvège, un roi ou une reine incarne l’unité nationale, sans intervenir dans les décisions politiques. Le pouvoir exécutif appartient au Premier ministre, élu par le peuple ou les chambres. Ce modèle garantit la stabilité, limite les excès de pouvoir, et surtout… coûte beaucoup moins cher.
Un roi français — issu des familles Capétiennes, Bourbon ou Orléans — pourrait jouer ce rôle honorifique, symbolique, cérémoniel. Il serait un lien entre le passé et le présent, entre le patrimoine historique et la République moderne. Aucune autorité politique réelle, mais une présence apaisante et fédératrice, comme l’est la reine au Danemark ou le roi en Belgique.
Quant à la direction du pays, elle serait assurée par un Premier ministre nommé par les deux chambres ou élu directement, avec un programme clair, un mandat contrôlé, et une responsabilité politique réelle. Ce Premier ministre ne serait plus au service d’un président jupitérien, mais du peuple tout entier.
Les Français aiment la monarchie… ailleurs
On pourrait croire les Français foncièrement républicains. Pourtant, 17 % d’entre eux se disent favorables à une restauration monarchique, selon BVA — un chiffre qui grimpe à 37 % chez les électeurs de droite et d’extrême droite. Et dans les faits, les symboles royaux fascinent : le couronnement de Charles III a attiré des millions de téléspectateurs français. Le faste, les traditions, la continuité séduisent.
Comme l’écrivait un internaute dans un forum politique : « Un roi incarne l’histoire, l’honneur, la transmission… Un président, c’est une alternance d’hommes pressés par les élections. » Une monarchie républicaine, vidée de tout pouvoir, ne serait donc pas une trahison des valeurs démocratiques — mais une modernisation institutionnelle.
Une stature internationale renforcée
Sur la scène internationale, un roi représente un prestige unique. Une France représentée par un monarque héréditaire — sans pouvoir politique — gagnerait en charme diplomatique, en stabilité d’image, et en rayonnement protocolaire. L’association d’un roi stable et d’un Premier ministre élu permettrait de mieux séparer les fonctions de représentation et de direction, comme le font les pays scandinaves, souvent cités en modèle de gouvernance.
Une proposition audacieuse et moderne
Le projet serait le suivant :
Suppression de la présidence de la République.
Création d’un rôle de roi sans pouvoir, incarnant la nation.
Nomination d’un Premier ministre par les chambres ou le peuple, responsable devant le Parlement.
Maintien d’un Parlement bicaméral garantissant les équilibres démocratiques.
Ce changement permettrait de réduire les dépenses institutionnelles, d’apaiser la vie politique souvent hystérisée par la présidence, et de réconcilier les Français avec leur histoire, sans renier les acquis de la démocratie.
Pour une République royale ?
La présidence de la République coûte cher. Très cher. Et ce coût n’est pas uniquement budgétaire : il est aussi symbolique, démocratique et institutionnel. Elle centralise le pouvoir, dramatise les élections et personnalise à l’extrême la vie politique, concentrant en un seul homme des fonctions de représentation, de commandement militaire, de nomination administrative et de direction politique.
Mais au fond, est-ce vraiment surprenant ? Car notre République n’a cessé de reproduire les codes et la structure du pouvoir monarchique. Le président est élu, certes — mais il trône à l’Élysée, ancien hôtel particulier du comte d’Évreux, restauré sous Napoléon III, et qu’il occupe avec une solennité quasi royale. Il nomme les ministres, dissout l’Assemblée, promulgue les lois, s’adresse à la Nation avec majesté. Il reçoit les chefs d’État étrangers dans des salons dorés, accueille les souverains au château de Versailles, et se déplace avec un appareil digne d’un monarque contemporain.
Même les institutions portent la trace de cette filiation : la Ve République, fondée par de Gaulle en 1958, a été pensée comme une réponse à l’instabilité parlementaire, en installant un exécutif fort, presque hégémonique. L’article 5 de la Constitution donne au président le rôle de "garant de l’indépendance nationale" et de "l’arbitre du bon fonctionnement des institutions" — autant de prérogatives qui, dans d’autres pays, seraient dévolues… à un roi constitutionnel.
Autrement dit, nous vivons sous un régime monarchique sans l’assumer. Une monarchie élective, fragile et bruyante, où chaque élection présidentielle devient une crise nationale, et où l’homme qui gouverne se veut à la fois guide, chef et incarnation de la France. Cette concentration du pouvoir dans une seule personne a un coût humain, institutionnel, démocratique — et alimente la défiance croissante des citoyens.
Dès lors, l’idée de remplacer cette fonction par une monarchie symbolique, stable et digne, accompagnée d’un Premier ministre réellement responsable devant les chambres, n’est pas une provocation, mais une proposition rationnelle. Car entre le mythe républicain et la réalité monarchique de notre pouvoir présidentiel, il y a une zone grise, une hypocrisie fondatrice, que seuls des changements profonds pourront dissiper.
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