top of page
Rechercher

La Malédiction du Titanic....

Photo du rédacteur: ericmoulinzinuttiericmoulinzinutti

De nombreuses légendes et théories alternatives ont émergé à la suite du naufrage du Titanic. L'événement, survenu dans la nuit du 14 au 15 avril 1912, a profondément marqué la mémoire collective, notamment en raison du caractère prétendument insubmersible du paquebot. Il demeure difficile, tant pour les témoins de l’époque que pour les générations suivantes, de concevoir qu’un navire aussi imposant et moderne ait pu sombrer en moins de trois heures, entraînant avec lui près de 1 500 vies. À une époque où les mythes et les malédictions exercent une grande fascination, beaucoup y voient un signe du destin.

Certaines de ces légendes reposent sur des faits et des écrits authentiques, tandis que d’autres relèvent du pur imaginaire. Les plus célèbres, et les moins controversées, proviennent de sources antérieures au drame et présentent d’étonnantes similitudes avec les événements de cette nuit tragique. Romans aux accents prophétiques, présages troublants, rêves prémonitoires, enchaînements d’incidents mystérieux ou encore la fameuse légende d’une momie égyptienne maudite : le naufrage alimente de nombreuses rumeurs, notamment dans les cercles ésotériques.

D’autres histoires ont été construites à partir d’éléments réels. Dans leur quête de réponses, de nombreux journalistes de l’époque ont extrapolé certains faits, pointant du doigt la vitesse du navire ou remettant en question son supposé caractère insubmersible. Plus récemment, une théorie conspirationniste suggère même que le Titanic aurait été remplacé par son navire jumeau, l’Olympic, dans le but de frauder les assurances. Bien que ces hypothèses aient été largement réfutées par les spécialistes, elles continuent d’alimenter l’imaginaire collectif.

Un événement qui marque les esprits

Le 15 avril 1912, le monde apprend que le Titanic est en difficulté après avoir heurté un iceberg. Au fil de la journée, les informations se précisent, jusqu’à ce que le New York Times soit le premier à annoncer que le paquebot a sombré dans l’Atlantique, causant la mort de plus d’un millier de personnes. Très vite, l’événement déclenche une véritable bataille médiatique : chaque journal cherche à obtenir des témoignages exclusifs, certains, comme celui de l’opérateur radio Harold Bride, se négociant à prix d’or. Partout, les rédactions se mobilisent pour couvrir cette tragédie sans précédent.

Ce naufrage marque les esprits à plusieurs égards. La disparition de personnalités influentes, telles que John Jacob Astor et Benjamin Guggenheim, choque profondément l’opinion publique. Mais au-delà de ces pertes individuelles, c’est surtout la disparition simultanée de plus d’un millier de passagers qui bouleverse une société encore épargnée par les horreurs de la Première Guerre mondiale. L’impact est à la fois politique et culturel : le drame du Titanic s’ancre durablement dans l’imaginaire collectif et inspire de nombreuses œuvres, notamment cinématographiques. Dans ce contexte fertile, il n’est guère surprenant que des mythes et légendes aient vu le jour autour de cette tragédie.

Des légendes ésotériques

Écrits coïncidents

Le Naufrage du « Titan »

En 1898, soit quatorze ans avant le naufrage du Titanic, Morgan Robertson publie un roman intitulé Futility, plus tard renommé The Wreck of the "Titan" (Futilité puis L’Épave du Titan en français). Il y imagine un paquebot aux dimensions colossales pour l’époque, le Titan. Long de 243 mètres—alors que le plus grand paquebot en construction à cette période, l’Oceanic, ne mesure que 214 mètres—, il est considéré comme insubmersible par ses propriétaires grâce à ses nombreux compartiments étanches. Lancé à pleine vitesse dans l’Atlantique Nord, le navire défie les dangers, car une collision frontale avec un iceberg, « le seul objet flottant qu’il ne puisse vaincre », ne devrait pas être en mesure de percer suffisamment de compartiments pour le faire couler. Offrant un luxe et une puissance inégalés, ses propriétaires ambitionnent même d’en faire le détenteur d’un record de vitesse entre New York et Liverpool.

Au cours de sa traversée, le Titan heurte un iceberg par tribord et sombre. Le paquebot ne disposant pas d’assez de canots de sauvetage, la catastrophe entraîne de nombreuses pertes humaines. Après le drame du Titanic, cette fiction suscite une vive fascination : les similitudes entre les deux navires sont troublantes. Tous deux sombrent en avril, après avoir heurté un iceberg par tribord. Tous deux transportent le nombre de canots exigé par la loi, mais en quantité insuffisante. Enfin, chacun est le plus grand navire en activité à son époque.

Cependant, le roman comporte aussi des différences notables, notamment dans le déroulement du naufrage, ainsi que certaines incohérences. Dès lors, le débat reste ouvert : Morgan Robertson a-t-il réellement prédit la tragédie du Titanic, ou s’est-il simplement appuyé sur ses connaissances du monde maritime pour anticiper des évolutions logiques et leurs conséquences ? Pour beaucoup, un expert en navigation pouvait aisément pressentir que les navires finiraient par devenir trop imposants, avec des mesures de sauvetage inadaptées, et que l’accident d’un paquebot de cette envergure entraînerait un désastre sans précédent.

Nouvelles de William Thomas Stead

Un autre auteur fréquemment cité dans les ouvrages consacrés au Titanic est William Thomas Stead. Journaliste influent, il a été rédacteur en chef de la Pall Mall Gazette, puis de la Review of Reviews. Pionnier dans le monde de la presse, il révolutionne la présentation des journaux en introduisant des gros titres, des caricatures et des éditoriaux percutants pour capter l’attention des lecteurs. Engagé dans de nombreuses causes, il lutte notamment contre la prostitution infantile et la pauvreté à travers des tribunes publiées dans ses journaux. L’une de ses préoccupations majeures est également la sécurité maritime et le manque de moyens de sauvetage à bord des paquebots.

En 1886, il publie dans la Pall Mall Gazette une nouvelle intitulée How the Mail Steamer Went Down in Mid-Atlantic by a Survivor (Comment le paquebot-poste sombra au milieu de l’Atlantique, par un survivant). Il y décrit le naufrage d’un navire après une collision, causant de nombreuses pertes humaines en raison du manque de canots de sauvetage. Il conclut alors : « C’est exactement ce qui pourrait se produire et ce qui se produira si les paquebots sont envoyés en mer avec trop peu de canots. » En 1892, il récidive avec From the Old World to the New (De l’Ancien Monde au Nouveau), où un médium voyageant à bord du Majestic, un paquebot de la White Star Line, assiste au sauvetage de passagers d’un navire coulé par un iceberg. Fait troublant : le Majestic existe réellement, et son commandant dans la nouvelle est Edward Smith, qui, vingt ans plus tard, sera aux commandes du Titanic lors de son voyage inaugural.

Passionné de spiritisme, Stead consulte régulièrement des médiums et publie un magazine dédié au sujet, Borderland. Il s’adonne aussi à l’écriture automatique, dont il partage les résultats dans ses Lettres à Julia. En avril 1912, invité par le président William Howard Taft à une conférence sur la paix dans le monde, il embarque à bord du Titanic… et périt dans le naufrage. Comme pour le roman de Morgan Robertson, cet enchaînement de coïncidences alimente le débat entre ceux qui y voient une dimension surnaturelle et ceux qui privilégient une interprétation plus rationnelle.

Faits interprétés en mauvais présages

Plusieurs événements survenus avant et pendant la traversée du Titanic ont été interprétés comme des mauvais présages pour le paquebot.

Une première anecdote raconte qu’au début de la construction du Titanic, son numéro de série était le 390 904. Écrit rapidement et observé dans un miroir, certains y ont vu l’inscription « No Pope » (« Pas de pape »), ce qui a inquiété les ouvriers catholiques des chantiers Harland and Wolff de Belfast, dans un contexte de tensions religieuses déjà vives. Face à cette inquiétude, les ouvriers menaçaient de se mettre en grève, jusqu’à ce que Lord Pirrie, directeur des chantiers, intervienne pour expliquer qu’il ne s’agissait que d’une simple coïncidence. Pourtant, la réalité est tout autre : le Titanic n’avait pas de numéro de coque au moment de sa construction. Il était identifié sous le numéro de chantier 401, et son numéro de registre commercial était en fait le 131 428. De plus, la majorité des ouvriers étaient protestants, ce qui rendait les préoccupations sur l’autorité papale peu pertinentes.

Une autre légende prétend qu’un ouvrier serait mort enfermé dans la coque du navire en raison de la rapidité de la construction. Pourtant, aucun ouvrier n’a trouvé la mort de cette manière. Un accident a cependant eu lieu lors du lancement du paquebot, causant la mort d’un travailleur. On raconte aussi que le Titanic était maudit parce qu’il n’avait pas été baptisé, une cérémonie qui n’a en effet pas eu lieu. Toutefois, ce n’était pas une spécificité du Titanic : la White Star Line et les chantiers Harland and Wolff avaient pour habitude de ne pas pratiquer cette cérémonie, redoutant les superstitions qu’elle pouvait entraîner si elle était ratée.

La traversée elle-même fut marquée par quelques incidents inquiétants. Le jour du départ, dans le port de Southampton, le Titanic faillit heurter le paquebot New York qui était à quai. Tandis que les deux navires n’étaient séparés que d’un mètre, l’habileté des équipages des remorqueurs a permis d’éviter le drame. Beaucoup y virent un mauvais présage. Ainsi, une lettre postée durant l’escale de Queenstown et publiée en 2007 montre qu’Alfred Rowe, passager à bord, n’appréciait pas le Titanic et était particulièrement marqué par cet incident. De même, le commandant en second, Henry Wilde, écrivait à sa sœur peu avant le départ : « Je n’aime vraiment pas ce bateau… J’ai un drôle de sentiment à son propos. »

Enfin, un dernier incident survint lors de l’escale en Irlande, à Queenstown. Alors que les transbordeurs embarquaient et débarquaient les passagers, un soutier monta au sommet de la quatrième cheminée, qui était en réalité factice, et fit une blague. Son apparition, avec le visage couvert de suie, effraya certains passagers, alimentant des superstitions diverses. Dans son témoignage The Loss of S.S. “Titanic”, Lawrence Beesley raconte :

« Il était monté à l’intérieur pour faire une blague, mais certains de ceux qui l’aperçurent y virent un “mauvais présage”, annonçant des dangers à venir. Une Américaine — qu’elle me pardonne si elle lit ces lignes ! — m’a raconté avec une grande conviction qu’elle avait vu cet homme et attribuait largement le naufrage du Titanic à cet événement. Des bêtises, dites-vous ? Oui, tout à fait. Mais pas pour ceux qui y croient, et il n’est pas bon que de telles rumeurs circulent parmi les passagers et l’équipage. Il semble que cela ait eu une influence malsaine. »

Légendes inventées de toutes pièces

Si certains des faits mentionnés précédemment sont avérés et ont donné lieu à diverses extrapolations, d’autres légendes relèvent purement de la fiction ou d’événements largement déformés.

L’une des plus tenaces concerne une prétendue momie maudite qui aurait provoqué le naufrage du Titanic. Selon les différentes versions, il s’agirait soit d’une momie expédiée à un collectionneur américain, soit d’un artefact rapporté d’Égypte par John Jacob Astor. Dans tous les cas, cette relique aurait porté malheur au navire, précipitant son destin tragique. Pourtant, aucune trace d’une telle cargaison n’apparaît dans les manifestes du Titanic. Cette légende prend probablement sa source dans une histoire de momie maudite que William Thomas Stead aurait racontée à ses compagnons de voyage durant la traversée.

Une autre légende entoure un certain Frank « Lucky » (ou « Lucks ») Tower, un chauffeur qui aurait miraculeusement survécu aux naufrages du Titanic, de l’Empress of Ireland et du Lusitania. Cependant, aucune liste d’équipage ne mentionne son nom, ce qui laisse penser qu’il s’agit d’une pure invention. Cette histoire semble être une version romancée des véritables parcours de Violet Jessop, une hôtesse, et d’Arthur John Priest, un chauffeur. Tous deux ont survécu à la collision entre l’Olympic et le Hawke, au naufrage du Titanic et à celui du Britannic. Priest a même réchappé à deux autres naufrages durant la Première Guerre mondiale.

Enfin, une autre légende, bien que moins invraisemblable, est souvent associée au drame du Titanic. Le 13 avril 1935, un cargo britannique transportant du charbon de Newcastle upon Tyne à Halifax navigue de nuit à proximité de la zone où le Titanic a sombré. L’un des veilleurs, William Reeves, affirme en 1967 avoir ressenti une angoisse soudaine, comme un pressentiment inexplicable, qui l’aurait poussé à crier : « Obstacle droit devant ! ». Un iceberg serait alors apparu dans l’obscurité, et le navire se serait arrêté de justesse avant d’être immobilisé par les glaces. Selon Reeves, l’incident se serait produit exactement à l’endroit où le Titanic avait sombré. De plus, plusieurs sources, notamment Philippe Masson dans Le Drame du Titanic, précisent que Reeves serait né le 15 avril 1912, jour du naufrage. Pourtant, les rapports indiquent que le cargo, par coïncidence nommé Titanian, se trouvait en réalité assez loin de la position exacte du Titanic et qu’il avait subi des dégâts lors d’une collision avec la glace, ce qui remet en question la portée surnaturelle de cette anecdote.

Réinterprétation des faits et théories alternatives

Relecture contemporaine des faits

Une blasphématoire insubmersibilité

L’histoire retient souvent que le Titanic jouissait d’une réputation d’insubmersibilité entretenue par ses propriétaires, et que, par une cruelle ironie du sort, ce navire prétendument insubmersible a fini par sombrer. Pourtant, cette vision est erronée. Ni la White Star Line ni les chantiers Harland and Wolff n’ont jamais affirmé que le Titanic était insubmersible avant son naufrage.

C’est en réalité un article du magazine nautique The Shipbuilder qui a contribué à façonner cette idée. En évoquant les compartiments étanches des navires de la classe Olympic, l’article les décrivait comme « pratiquement insubmersibles ». Cette formulation, combinée à la confiance aveugle du public envers les progrès technologiques de l’époque, a progressivement alimenté la croyance en un navire invincible.

Ce sentiment était renforcé par plusieurs incidents maritimes où des paquebots avaient échappé au pire grâce à leurs innovations techniques. En 1879, l’Arizona, alors plus grand paquebot du monde, percute un iceberg de plein fouet. Ses cloisons étanches lui permettent néanmoins de rester à flot et d’atteindre la terre ferme sans perte humaine. De même, en 1909, le Republic, éperonné par un autre navire, met près de 38 heures à couler, ce qui permet l’évacuation de presque tous les passagers, avec seulement cinq victimes.

L’idée d’un navire insubmersible ne concernait d’ailleurs pas uniquement le Titanic. En 1907, le commandant Edward Smith déclarait à propos de l’Adriatic qu’il ne pouvait imaginer de situation pouvant le faire sombrer. Pourtant, pour de nombreux passagers du Titanic, cette croyance était bien ancrée. Un passager canadien écrivait ainsi dans une lettre qu’il voyageait sur « un nouveau paquebot insubmersible ». Après le naufrage, le Daily Mirror rapporta qu’un membre d’équipage aurait même affirmé : « Dieu lui-même ne pourrait couler ce navire. »

Cette idée d’un navire défiant les lois divines alimente également certaines superstitions à bord. Eva Hart, alors âgée de sept ans lors du voyage, racontera plus tard que sa mère, persuadée qu’un drame allait survenir, dormait le jour et veillait la nuit, convaincue que le paquebot était maudit.

Une vitesse excessive

Il est généralement admis que le Titanic naviguait à une vitesse excessive dans une zone de glace, ce qui aurait contribué à sa collision avec l’iceberg. Cependant, cette vitesse, bien que jugée élevée après coup, était conforme aux pratiques de l’époque. Lors de la commission britannique sur le naufrage dirigée par Lord Mersey, le capitaine Pritchard du Mauretania déclara : « Tant que le temps est clair, je vais toujours à pleine vitesse, soit 26 nœuds. » De son côté, Gerhard Apfel, superintendant de la Red Star Line, affirma : « Tous les commandants vous donneront la même réponse : ils ne ralentissent que si le temps devient épais et brumeux. » De même, Charles Lightoller, deuxième officier du Titanic, témoigna qu’en 24 ans de navigation, principalement sur l’Atlantique, il n’avait jamais vu un navire réduire sa vitesse dans ces conditions.

Une autre idée répandue veut que le Titanic ait été poussé à pleine vitesse (entre 21 et 22 nœuds la nuit du naufrage) dans l’espoir de décrocher le Ruban bleu, récompensant la traversée la plus rapide de l’Atlantique. Or, cette théorie ne tient pas : le Titanic avait une vitesse maximale de 24 à 25 nœuds, alors que le Mauretania, détenteur du Ruban bleu depuis 1907, avait établi un record à plus de 26 nœuds.

Certains avancent également que Joseph Bruce Ismay, président de la White Star Line, aurait incité le commandant Smith à accélérer pour atteindre New York dès le mardi soir, au lieu du mercredi matin. Cette hypothèse est partiellement étayée par le témoignage d’une passagère, Elizabeth Lines, et par une déclaration de la veuve de l’homme d’affaires Arthur Ryerson, bien que cette dernière soit jugée peu crédible. Plusieurs éléments suggèrent toutefois que le Titanic devait bien arriver le mercredi, comme prévu. Une cérémonie d’accueil était organisée, et une arrivée anticipée aurait posé des problèmes logistiques. De plus, des photographies prises par Francis Browne le jour du départ montrent que le navire a effectué des essais de machines et suivi une trajectoire en zigzag, peu compatible avec une tentative de record. Enfin, lors du voyage inaugural de l’Olympic un an plus tôt, Ismay s’était opposé à une arrivée avancée, ce qui semble contredire l’idée qu’il aurait agi différemment avec le Titanic.

Finalement, les commissions d’enquête sur le naufrage ne reprochèrent rien à Ismay. La commission britannique conclut que la vitesse du Titanic résultait d’une pratique courante dans la marine marchande et que la catastrophe démontra que cette habitude n’était plus adaptée aux risques de navigation en haute mer.

Théories alternatives sur le naufrage

Incendie dû au charbon

En 2004, l’ingénieur américain Robert H. Essenhigh a proposé une théorie selon laquelle la vitesse excessive du Titanic aurait été liée à un incendie dans ses soutes à charbon, incendie qui ne pouvait être éteint qu’à New York. Selon cette hypothèse, l'équipage aurait cherché à atteindre la ville le plus rapidement possible. Cette théorie repose sur un fait avéré : le 2 avril 1912, un incendie a été détecté dans la soute à charbon n°10. Il s’agissait d’une combustion spontanée, phénomène fréquent à bord des navires. L'incendie fut rapidement maîtrisé, mais il ne fut totalement éteint que le 13 avril. Toutefois, aucun dégât n’a été signalé sur la cloison étanche proche, et l'incendie n’a joué aucun rôle dans le naufrage. De plus, comme l’incident a été résolu la veille du naufrage, il ne justifie pas la vitesse du navire ce jour-là.

Des joints de dilatation trop faibles ?

Jusqu'à la découverte de l’épave du Titanic en 1985, un doute persistait quant à la possibilité que le navire se soit brisé en deux. Ce doute a été levé, et il est maintenant certain que le paquebot s’est déchiré entre la troisième et la quatrième cheminée lors du naufrage. Cependant, la question du rôle des joints de dilatation reste en suspens. Leur influence est généralement considérée comme minime, voire inexistante. Un documentaire produit par History Channel a relancé l’intérêt pour ce sujet, menant à de nouvelles études. L’architecte Robert Long a formulé une théorie selon laquelle le joint arrière aurait affaibli le navire, ce qui aurait facilité sa rupture. Cette idée semblait renforcée par le fait que les joints du Britannic, navire sœur du Titanic, avaient été améliorés par la suite. Cependant, des simulations informatiques ont montré que cette théorie ne tenait pas. Les améliorations sur le Britannic étaient motivées par un souci de confort, et non par des préoccupations liées au naufrage du Titanic. Les joints n'étaient que des éléments de la superstructure et ne pouvaient pas expliquer la cassure du navire. Cette dernière est plus directement liée à l’agencement intérieur du Titanic. Le navire s’est brisé là où il était le plus fragile, entre les deux cheminées arrière, au niveau du Grand Escalier arrière et de la salle des machines, qui comprenaient de vastes espaces vides.

La théorie de l’échange de navires

En 1996, Robin Gardiner et Dan van der Vat ont publié The Titanic Conspiracy, suivie l’année suivante de Titanic, The Ship That Never Sank par Gardiner seul. Dans ces ouvrages, les auteurs présentent une théorie selon laquelle le Titanic et son navire jumeau, l’Olympic, auraient été intervertis dans le cadre d’une escroquerie à l’assurance menée par la White Star Line. Selon cette théorie, l’escroquerie aurait mal tourné. En septembre 1911, alors que le Titanic était encore en construction, l’Olympic entre en collision avec le croiseur Hawke dans le port de Southampton. Gardiner affirme que cette collision a gravement endommagé le paquebot, et que la White Star Line aurait décidé de remplacer l’Olympic par le Titanic, dont il estime qu’il était plus coûteux à construire. Le Titanic, après des « réparations », aurait ainsi pris la mer pour une carrière de 25 ans. En revanche, l’Olympic aurait été réparé à la hâte et présenté comme le Titanic. Début avril 1912, il aurait subi des essais en mer précipités, avant de partir en « traversée inaugurale ». Selon Gardiner, l’objectif de cette traversée aurait été de couler l’Olympic et de récupérer l’assurance du Titanic, un navire moins coûteux. L'escroquerie aurait été orchestrée de sorte que le faux Titanic rejoigne un point de rendez-vous en Atlantique Nord, où il aurait été secouru par deux navires : le Californian et un navire inconnu. Le faux Titanic aurait alors été sabordé par l’équipage sur ordre des trois officiers principaux (le commandant Smith, le second Wilde et le premier officier Murdoch), seuls au courant de la machination. Ces trois hommes étant morts lors du naufrage, Gardiner avance qu’il n’y a pas eu de dénonciation. Les passagers auraient été transférés sur les navires de secours. Cependant, selon Gardiner, les événements se seraient mal déroulés et le faux Titanic aurait percuté un navire de secours non identifié, provoquant des dégâts irréparables, ce qui aurait précipité son naufrage. La glace aperçue sur le pont par les passagers aurait alors été projetée des fils du télégraphe sous l'impact, et les fusées de détresse auraient été tirées par le navire en collision.

Conséquences et réfutation

Cette théorie a rapidement gagné en popularité à sa publication, et de nombreux reportages s’en sont fait l’écho. Cela a suscité des réactions chez certains historiens, qui ont cherché à réfuter les affirmations de Gardiner. En 2004, Bruce Beveridge et Steve Hall ont publié Titanic & Olympic: The Truth Behind the Conspiracy, tandis que l’historien de la marine Mark Chirnside a rédigé une longue étude en 2006. La théorie de Gardiner a également été critiquée sur le site Titanic-Titanic.com, qui a comparé ses idées à celles de la théorie de la Terre plate. Plusieurs arguments viennent contredire la théorie de l’échange de navires. D’abord, de nombreuses pièces retrouvées sur l’épave du Titanic, notamment une hélice, portent le numéro de série du navire (401), gravé lors de sa construction, et non celui de l’Olympic (400). De plus, aucune trace des lettres « M » et « P » mentionnées par Gardiner n’a été retrouvée sur l’épave, contrairement à la lettre « A ». Par ailleurs, contrairement à ce que soutient la théorie, le navire qui a sombré portait bien le nom Titanic, et non Olympic. Enfin, Gardiner présente une incohérence dans son raisonnement lorsqu’il explique que le nom Olympic aurait été effacé des cloches du navire pour ne pas éveiller les soupçons, tout en indiquant que le navire arborait encore ce nom dans le port de Southampton sans que personne ne s’en aperçoive.

D’autres éléments vont à l’encontre de la théorie. Il n'existe aucune preuve que l’Olympic ait subi des dommages plus importants que ceux signalés officiellement. Gardiner prétend que les dommages s'étendaient jusqu’à la quille du navire, alors que tous les témoignages indiquent que les brèches causées par la collision avec le Hawke n’ont pas affecté cette partie du Olympic. De plus, la rentabilité de l’escroquerie est douteuse, car le Titanic n’était assuré qu’à deux tiers de sa valeur. Il est également peu probable que la White Star Line, qui a prouvé sa volonté de préserver ses navires, aurait renoncé à l’Olympic. Ainsi, la théorie de l'échange de navires semble peu plausible.

 










 
 
 

Comentários


+33771603452

©2021 par Généalogie et Histoire. Créé avec Wix.com

bottom of page