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AUTOPSIE DU CADAVRE DE LA FEMME TESTUD - Le Puy-En-Velay- 15 Décembre 1879.

  • Photo du rédacteur: ericmoulinzinutti
    ericmoulinzinutti
  • il y a 2 jours
  • 5 min de lecture



"Drame de la jalousie, Frédéric TESTUD tire sur son épouse Julie CHANTEMESSE, un coup de revolver le 11 Décembre 1879. La malheureuse succombe à cette blessure. Sur réquisition du Procureur de la République du Puy-En-Velay une autopsie du cadavre de l'épouse TESTUD a lieu le 15 Décembre"

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Nous soussigné Emile FABRE et Julien (Sic), Docteurs médecins des Hôpitaux du Puy (Haute-Loire), conformément à l’ordonnance de Monsieur le Juge d’Instruction près le Tribunal du Puy en date du 16 Décembre 1879, serment préalablement prêté de remplir en honneur et conscience la mission qui nous était confiée.

Nous sommes transportés dans le même appartement de la même maison ou nous avions déjà examiné la blessure reçus par la femme de Frédéric TESTUD, à l’effet de faire les recherches cadavériques nécessaire à la découverte des causes plus précises de sa mort la veille sur les 10 heures du matin.

Là, après que l’inculpé ait reconnus que s’était bien le cadavre de sa femme qui était soumis à notre examen, nous l’avons fait placer sur une table près de la croisée et ensuite, en présence de Monsieur le Substitut du Procureur de la République, de Monsieur le Docteur VIBERT et de Monsieur SEMIDER, étudiant en médecine qui s’intéressaient à notre opération et qui nous secondaient, nous avons commencé par disséquer couche par couche les tissus blessés, dans le but de suivre le trajet du projectile d’arme à feu qu’avait produit la lésion exposée dans notre premier rapport.

Ainsi après avoir enlevé la peau et le tissu cellulaire sous cutanée, nous avons constaté des ecchymoses tout à fait noires dans cette couche cellulaire et un pertuis sur la couche musculaire analogue à celui qu’avait été constaté sur la peau et située en dedans et un peu en dessous de lui.

Cette couche musculaire constituée par les digitations entrecroisées des muscles grand dentelé et grand oblique a été à son tour soulevée en très grand lambeau, de façon à mettre à nu les côtes et cartilages costaux. Alors nous avons vu à 1 centimètre a peu près de l’articulation chondro-costale gauche, le cartilage perforé comme par une emporte pièce sans fracture, et en passant nous devons faire remarquer que dans l’observation générale des faits, ont à vu que les projectiles lancés par les armes à feu produire soit sur les côtes, soit sur les cartilages des perforations aussi singulières, c’est-à-dire sans la fracture de ces os ou cartilages aussi étroits.

L’opération a été continuée par la section de tous les cartilages et l’enlèvement avec soin d’une grande partie de la paroi antérieure de la poitrine.

Par ce moyen nous avons mis à découvert le péricarde c’est-à-dire l’enveloppe fibro séreuse dans l’intérieur de laquelle le cœur peut se livrer à tous ses mouvements. Nous avons constaté alors sur cette séreuse une perforation en rapport par ses dimensions avec celle constaté sur le 6ième cartilage costal gauche, cependant un peu plus rapprochée par sa position de la ligne médiane.

Dans cette partie de l’opération, nous avons aussi constaté non seulement la cavité du péricarde rempli d’une sérosité sanguinolente, mais encore la plèvre gauche, ce qui nous expliquait la douleur dont a un moment de la blessure la victime se plaignait dans l’épaule gauche.

Nous avons examiné la surface extérieure du cœur et chose remarquable nous n’avons constaté sur elle aucune lésion apparente ; le projectile avait filé dessous cet organe et avait traversé la partie adhérente du péricarde avec le diaphragme ; et en poursuivant nos investigations dans le ventre, nous avons vu que le lobe gauche du foie présentait un canal de suppuration dont l’orifice supérieure correspondait à la blessure du péricarde et l’orifice inférieur au côté interne du milieu du sillon antéropostérieur de la glande hépatique. Ce canal en suppuration se distinguait facilement à la couleur rouge brique du liquide qui humectait les parois. Cette couleur nous a d’abord beaucoup étonné ; et puis nous avons pensé que nous avions là une réaction chimique de la potasse sur la matière colorante de la bile, réaction qui consiste à donner à cette matière la couleur observée. En effet le plomb brulant qui constituait le projectile peut bien avoir réagi sur les sels de potasse des liquides biliaires et avoir mis à nu cet alcali puissant. Toujours est-il, que la quantité du liquide imbibant les parois du canal nous faisait présumer déjà que le projectile avait dû séjourner quelques temps dans la vaste glande du foie. Car en cherchant un peu plus nous avons trouvé une balle conique presque intacte à culot profond dans la cavité du péritoine, en un endroit ou cette séreuse ne présentait ni ecchymose ni la moindre excoriation. Cette partie du péritoine était en partie décline dans le décubitus horizontal, c’était au milieu du repli que fait le feuillet viscéral de cette grande séreuse, avec celui qu’on appelle mésocolon ascendant. Nous avons ajouté pour être complet que nous avons constaté dans la cavité du péritoine non seulement un épanchement séro- sanguin déjà constaté dans le péricarde et la plèvre gauche, mais encore sur la convexité des anses intestinales, et sur celles du colon en particulier, des fausses membranes jaunâtres qui nous révélaient qu’après la blessure non seulement il y avait eu épanchement de sang mais encore épanchement de bile.

En résumé la balle conique qui fait partie des pièces à conviction et a qui a été lancée sous le sein gauche de la femme TESTUD a perforé la peau, le tissu cellulaire sous cutané, le muscle grand oblique, le sixième cartilage costal en se dirigeant en bas et de gauche à droite, a traversé le péricarde en deux endroits sans blesser le cœur, est parvenue dans le foie ou elle a produit un canal oblique dans le lobe gauche, et dirigé de haut en bas, de gauche à droite et d’avant en arrière. Enfin la balle après avoir plus ou moins longtemps séjourné vers la partie inférieure de ce canal est tombé dans la cavité du ventre, soit sous l’influence des efforts de vomissement soit sous l’effet de la suppuration.

Cette blessure qui devait entrainer une péritonite chez une femme en parturition, une péritonite résultante et de la violence de la contusion et de l’entrée d’un corps étranger, et d’un épanchement de sang et de bille était mortelle et tenter da guérison était tenter quelque chose de complétement au-dessus des ressources de l’art.

CONCLUSION

La femme TESTUD a succombé et devait succomber à la péritonite que devait entrainer infailliblement la blessure qu’elle avait reçue dans la soirée du 11 courant.

 

En foi de quoi nous avons dressé le présent rapport que nous certifions conforme à la vérité et aux principes de l’art.

Le PUY le 15 Décembre 1879.

Suivent les signatures



Archives du Puy-En-Velay (Première Page du rapport) 2U124 - Dossier de Procédure.


 
 
 

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